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À propos

Pour une éducation bilingue souriante !

Nous sommes des parents engagés, sourds ou entendants, unis pour une éducation bilingue des enfants sourds.

Notre objectif : garantir ce choix éducatif et défendre leurs droits. Rejoignez-nous pour des activités dynamiques, réunions, conférences et formations. Ensemble, avec les pouvoirs publics, nous agissons pour le respect de votre choix éducatif et la sensibilisation à la surdité et à l'éducation bilingue.

L'APES, avec Brigitte VIVET à sa tête, travaille pour un avenir épanouissant pour chaque enfant sourd.

Rejoignez-nous et transformons la vie des enfants sourds et de leurs familles vers une société inclusive et respectueuse.

Ensemble pour l'éducation en Langue des Signes Française (3)
Brigitte V

Brigitte VIVET

Présidente
Anthony M

Anthony MORINIERE

Secrétaire
Nathalie B

Nathalie BOUCHARD

Trésorière
Béatrice S

Béatrice SECRET

Trésorière adjointe
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Anne-Gaelle DULIEUX

Conseillère
Charlyne D

Charlyne DUMONT

Conseillère
Jessica J

Jessica JOUANNEAU

Conseillère
Valérie LC

Valérie LE-CUFF

Conseillère
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Nadège ROYER

Conseillère
Benoît T

Benoit THOMAS

Conseiller

PRÉSENTATION

L’Association APES

APES est l’acronyme de l’Association des Parents d’Enfants Sourds.

Cette association regroupe des parents sourds et entendants qui choisissent une éducation bilingue (langue des signes française – langue écrite française) pour leurs enfants.

L’association est le lieu de réflexions, de rencontres, d'activités communes, mais aussi de soutien et d'entre-aide.

Encore aujourd’hui, les classes bilingues LSF doivent faire face à de nombreux obstacles et pour mener à bien leurs réussites, il est nécessaire d’engager une réflexion aboutie, s’inscrivant dans la durée. Des échanges réguliers entre les différents partenaires (FCPE 31, rectorat) sont organisés. Une APES permet ainsi aux parents de se regrouper, de préciser leur projet, leurs analyses, leurs choix, et de se mettre en accord sur les objectifs à atteindre.

Enfin une APES n'est pas isolée : elle crée des liens avec d'autres partenaires, des associations de sourds, des professionnels, pour enrichir sa réflexion. De même, via l'ANPES (N= Nationale), elle est en contact avec d'autres APES. Toutes ces relations sont indispensables pour faire vivre un projet d’enseignement en classes bilingues LSF et plus généralement d’éducation en langue des signes.

MEMBRES de l’APES

Les membres sont des familles regroupant parents et enfants sourds ou entendants. Les parents adhérant à l’APES 31, optent pour une éducation bilingue pour leur enfant. Néanmoins l’association est ouverte à toutes les personnes voulant œuvrer à l’éducation de la culture sourde pour les enfants.

Lire la vidéo

L’association à de multiples objectifs tous liés à la langue des signes :

  • Information des parents et des partenaires de l’éducation, via des échanges, des rencontres, du soutien. Information après des politiques et des différents acteurs de la vie sociale.
  • Respect du droit de choisir une éducation bilingue en assurant l'intégration sociale des enfants, en les plaçant en milieu ordinaire, et la réussite scolaire, en leur proposant un enseignement spécifique, en langue des signes, adapté à leur mode de communication.
  • Réflexion sur l’éducation bilingue : la communication dans la famille, le développement de l’enfant, l’acquisition du langage, la scolarité, la vie sociale.

Les activités proposées sont assez larges et s’adressent à des publics différents regroupés en trois catégories :

–  Les parents, la famille :

  • Information des parents : réunions, conférences, diffusion de documents, témoignages ;
  • Formation : stage de formation à l’éducation bilingue, organisation de formation à la langue des signes.
  • Rencontres, loisirs, sorties culturelles ;Atelier de découverte ;
  • Forum de l’emploi pour l’orientation des jeunes sourds.

– Pouvoirs publics :

  • Information, propositions, demande de subventions pour mise en place de projets divers ;
  • Action pour le respect du choix des parents et des droits des enfants sourds ;
  • Action pour le maintien et le développement des classes bilingues.

– Public :

  • Information sur la surdité, la langue des signes, l’éducation et l’enseignement bilingue.

Histoire de l’éducation des sourds

....depuis l’abbé de l'épée jusqu'à nos jours en passant par Milan 

Prémices de l’éducation en LSF

L'abbé de l'Épée est à l’origine en 1760 de l’enseignement dispensé aux jeunes sourds, ainsi que l’accès à des méthodes gestuelles pour mener à bien cette éducation.

Il inventa une méthode, les « signes méthodiques », mais il ne connaissait pas la langue de ses élèves. Il fut le premier à avoir reconnu l’importance du gestuel pour l'éducation des sourds, mais aussi d'avoir offert une place pour les sourds et les signes, grâce à ses démonstrations publiques, jusque devant le roi.

Il a aussi permis de réunir les jeunes sourds, autrefois isolés, qui ont ainsi pu développer et perfectionner la langue des signes.

 


 

L’age d’or

En 1829, Ferdinand Berthier qui suivi sa scolarité dans les instituts créé par l'abbé de l'Épée devient l'un des premiers professeurs sourds, puis doyen des professeurs. Il représentera à la fois la figure de l’intellectuel sourd et du militant pour la reconnaissance de la langue des signes et du droit des sourds.

Il fut considéré, dans la société civile, comme l'un des intellectuels de l’époque. Auteur de nombreux livres et articles, il entretiendra une correspondance avec les ministères et le roi, ainsi qu’avec des intellectuels de son époque, comme Victor Hugo.

 A partir des années 1830, arrive la troisième génération de sourds depuis la création de l’institut par L'abbé de l'Épée. C’est le début de l’âge d’or de la culture sourde. D’abord par la présence de grandes figures de l’Histoire sourde, dont Ferdinand Berthier, Auguste Bébian, Laurent Clerc … mais aussi par la naissance du combat pour la reconnaissance de la culture sourde.

 


 

L’interdiction de la LSF

En parallèle, les méthodes d'éducation des jeunes sourds changent. Les nouveaux directeurs d'instituts, développent alors des méthodes fondées sur la rééducation de la parole nommées « oralisme » dont les signes sont complètement absents, et contre lesquelles, naturellement, se battent les intellectuels sourds, dont Berthier, qui défend un bilinguisme langue des signes / français écrit.

En 1880, un congrès international se réunit à Milan pour décider quelle méthode, entre la langue des signes ou de l’oralisme, était la plus adaptée à l’éducation des sourds. Sur les 255 participants, il y avait seulement 3 sourds et sans interprète. À l'issue de ce Congrès, la langue des signes fut interdite dans l'ensemble des pays participants, à l'exception des États-Unis et de l'Angleterre.

Dès lors, l'enseignement en langue des signes est interdit partout dans le monde. Des intellectuels sourds, comme Ferdinand BerthierHenri Gaillard et d'autres luttent pour sauver et protéger la langue des signes et aussi encourager l'enseignement en langue des signes plutôt qu'à l'oral.

 


 

Le réveil sourd

Durant un siècle, jusque dans les années 1980, la langue des signes est interdite, méprisée et marginalisée aux seules associations de sourds. Dans les établissements les moins stricts, elle est permise dans les cours de récréation.  Cependant, durant les années 1980, se produit ce que les sourds appellent le « réveil sourd ».

Durant ces années 1980 et jusque récemment, de nombreuses manifestations sont organisées afin de demander la reconnaissance de la langue des signes française. Ce n'est qu'en 1991, par la loi Fabius, que l’Assemblée nationale autorise l’utilisation de la langue des signes française pour l’éducation des enfants sourds. En 2005, la loi Française reconnaît la langue des signes française  comme une langue à part entière.

 


 

Création  APES

En 1980, l'association nationale 2LPE a ouvert la voie à l'éducation bilingue pour les sourds (Français/LSF) en France en créant des structures scolaires a Poitiers, Toulouse, Champs/marne et Bayonne.

En 1988, suite à  l'éclatement de 2LPE pour raisons budgétaires, les parents créaient en 1989 une coordination Nationale des parents de l'éducation bilingue , puis devenu en 1991 un « comité de défense de l'éducation bilingue ».

C'est ainsi qu'est apparu la Loi 91-73 du 18 janvier 1991: « Dans l'éducation des jeunes sourds, la liberté de choix entre une communication bilingue – langue des signes et français – et une communication orale est de droit. »

Mais la mise en œuvre de cette loi fut très difficile et les structures bilingues n'avaient pas davantage de moyens pour se développer.

Cette situation a poussé les parents a se mobiliser afin de faire appliquer la loi.

C'est ainsi qu'est né l'association APES Midi Pyrénées en 1995 devenu APES-31 depuis 2018.

 

Rendez vous ici → DIAPORAMA

ÉDUCATION

Information éducation en LSF

L’enfant sourd est avant tout un enfant.

Comme pour tout enfant, il faut lui procurer des conditions favorables de développement, dans tous les domaines, psychologique, affectif, cognitif, social.

Respecter cet enfant, accepter sa surdité, c’est lui permettre de construire son identité sourde c’est donc lui procurer très tôt, dès la petite enfance, l’accès à la langue des signes par laquelle il va structurer sa pensée, développer sa personnalité, acquérir des connaissances. C’est aussi lui permettre de rencontrer d’autres enfants et adultes sourds, pour qu’il puisse s’identifier, se repérer, s’imaginer, accéder aux lieux où vit la langue des signes pour développer ses compétences linguistiques et s’ épanouir socialement.

En opposition à l’image habituelle attachée à la surdité (déficience, handicap, isolement, incapacité), en particulier dans les milieux dits spécialisés, les parents de l’APES proposent donc un autre regard sur l'enfant sourd.

L’enfant sourd a simplement une perception visuelle du monde et donc il s’exprime dans une autre langue, visuelle et gestuelle, la langue des signes.

Si on lui donne la possibilité de se développer et de structurer sa pensée et son intelligence dans cette langue, il deviendra un enfant comme les autres, capable d’apprendre, de comprendre, de dire.

Si on lui permet d’établir de vraies relations, de rencontrer d’autres sourds, enfants et adultes, il pourra mener une vie sociale épanouie et autonome.

Si on lui offre une scolarité adaptée, c’est-à-dire en langue des signes mais en milieu ordinaire, il pourra acquérir des connaissances et des savoirs-faire, et en premier lieu une maîtrise réelle du français, sans d’autres limitations que celles de ses capacités et de sa motivation.

Si on lui permet d’avoir accès aux informations et à la culture, il deviendra un citoyen, bien intégré et responsable de ses actes.

Ce sont ces conditions que l’APES veut voir respectées, en agissant auprès des pouvoirs publics et en informant les parents.

 

L’arrivée d’un enfant sourd dans une famille crée un profond bouleversement lorsque les parents sont entendants, ils n’y sont pas préparés.

Pourtant les choses pourraient se passer beaucoup plus simplement et plus naturellement, si certaines dispositions étaient rapidement prises. D’autant que, maintenant, le dépistage de la surdité intervient souvent dès les premiers mois, à une période où l’enfant n’a pas encore de langage élaboré.

Pour les parents :

– rencontrer d’autres parents, des sourds, pour « comprendre ce qui leur arrive » , pouvoir exprimer leur douleur, leur angoisse, leurs interrogations et recevoir des informations dédramatisées sur la surdité. Les stages parents sont des lieux privilégiés pour cela.

– apprendre à se comporter avec leur enfant, à communiquer en privilégiant le contact, la communication gestuelle.

– commencer, le plus vite et le plus tôt possible, à apprendre la langue des signes. Il est souhaitable que cet apprentissage soit étendu à tous les membres de la famille (frères et sœurs)

Pour l’enfant :

– avoir des parents qui ne se transforment pas en statues, non communiquantes, « parce que de toute façon, il n’entend pas” .

– bénéficier d’un bain de langue des signes, en rencontrant des adultes sourds et d’autres enfants sourds et en fréquentant des lieux où vit la langue des signes, et grâce aux cours de langue des signes suivis par ses parents.

Pour la vie en famille, en particulier aux moments où elle est réunie (repas, …), il n’y a pas de règles strictes, à part un souci d’assurer la communication la plus riche et la plus naturelle possible. Chaque famille s’adapte en fonction de son style de vie, du mode d’éducation, du rang de l’enfant, etc…

La maîtrise de la langue des signes par les parents restaure une situation normale où chaque personne, parent, enfant sourd, frère et sœur, retrouve son rôle habituel, sans focalisation excessive sur l’enfant sourd ni exception ou passe droit dans son respect des règles de vie commune.

 

Ayant fait un choix d’éducation bilingue, qui met l’accent sur l’importance de la langue des signes, outil de communication mais surtout langue par laquelle l’enfant va construire son identité, structurer sa pensée, se socialiser et acquérir des connaissances, les parents veulent que le système scolaire soit cohérent avec leur choix de vie.

Pour leur enfant sourd, comme pour tout enfant, la scolarité doit viser 3 objectifs : développement et épanouissement de la personnalité de l’enfant, acquisition des connaissances et de savoirs-faire, apprentissage de la vie sociale et de la citoyenneté.

Pour favoriser la socialisation, les enfants doivent être regroupées en classes d’élèves sourds.

Pour permettre l’intégration dans la société majoritairement entendante, ces classes doivent être intégrées dans des établissements ordinaires et avoir le même fonctionnement que les autres classes.

Comme l’enfant est encore en train de construire cette langue, la langue des signes doit aussi être une matière à part entière, dont l’enseignement est prévu dans l’emploi du temps, de la maternelle à la terminale.

Pour de nombreuses raisons, différentes suivant l’âge de l’enfant et suivant le niveau scolaire, il est évident qu’il est très préférable que les enseignants soient eux-mêmes sourds. Ils doivent être de vrais enseignants, formés et compétents dans la matière qu’ils enseignent et en pédagogie.

 

Pour que les classes LSF fonctionnent bien et que les élèves sourds en tirent le meilleur profit, il faut mettre en place un environnement cohérent :

Éducation précoce

  • Les parents doivent pouvoir s’engager très tôt dans un projet bilingue et l’enfant doit acquérir la langue des signes en suivant le processus normal d’acquisition d’une langue, c’est-à-dire dès la naissance. Une langue ne s’apprend pas à l’école.
    • IRIS prépare la mise en place d’un service d’éducation précoce

Parents bilingues

Les parents doivent eux-mêmes devenir bilingues.

  • Cours de LSF : ils doivent être accessibles et conçus pour permettre l’acquisition d’une 1ère langue par l’enfant, via ses interactions avec ses parents.
    • Les parents peuvent suivre des cours de LSF à IRIS.
    • Des week-ends spécifiques aux parents sont organisés par l’APES pour apprendre à raconter des contes en LSF.
  • Cours de français : les parents sourds ayant souvent eu une scolarité inadaptée, ils doivent pouvoir bénéficier, si nécessaire, d’une formation leur permettant de posséder une aisance suffisante en français.
    • IRIS a déjà organisé des stages de lutte contre l’illettrisme.

Environnement

  • Les enfants (ainsi que leurs familles) doivent avoir accès à des lieux de vie de la LSF, où ils pourront renforcer la construction de leur identité et leur acquisition d’une langue riche, vécue et variée. Ils doivent aussi avoir accès à des lieux de culture variés. Comme la langue, la culture générale ne s’apprend pas seulement à l’école.
    • APES organise des activités de rencontre, petit déjeuner, …
    • D’autres associations proposent des activités familiales ou culturelles, ou des activités pour enfants : Mains en fêtes, Entre Signe, Ça parle ça signe, Sign’Loisirs.

Accompagnement du projet

  • Tant que la scolarité en LSF ne sera pas complètement intégrée dans le dispositif ordinaire de l’EN, tout projet de classe LSF doit être accompagné par une équipe spécifique de suivi où les parents doivent être très présents.
    • L’APES participe activement au suivi des classes, dans le cadre d’un partenariat avec le rectorat de Toulouse.

OBJECTIFS GENERAUX

  • Construction de l’identité de l’enfant sourd dans le respect de sa différence.
  • Structuration de la personnalité et développement des compétences.
  • Acquisition d’un réel bilinguisme : langue des signes – français.
  • Acquisitions scolaires et culture générale
  • Insertion sociale


     


    OBJECTIFS SCOLAIRES

    Programmes officiels + Langue des Signes et pédagogie particulière pour le français.

    Objectifs :
    Les mêmes niveaux, au même âge, avec la même charge de travail.

SCOLARITÉ

Scolarité des enfants sourds

4 classes bilingues d’élèves sourds

Les élèves sourds sont regroupés en classe spécifique sous la responsabilité d’enseignants signants.
Des attachés pédagogiques signantes (AESH) accompagnent les élèves au quotidien de leur vie scolaire.

En classe : Communication en LSF

Comme tout autre élève, l’élève sourd doit avoir accès à toutes les informations véhiculées.
Se sentant membre d’un groupe à part entière, il peut se construire progressivement comme élève et devenir acteur de ses apprentissages.

Des apprentissages dans les deux langues ; la LSF et le Français

Tous les domaines disciplinaires sont travaillés dans deux langues : La LSF et le Français.
A partir du CP, la LSF est enseignée en tant que langue à raison de 3h par semaine.
L’apprentissage de la LSF ne s’oppose pas à l’apprentissage du français. Bien au contraire, il le facilite.

Des moments partagés avec les élèves entendants

Certaines activités scolaires ainsi que les temps périscolaires sont communs aux élèves sourds et entendants. L’élève sourd y acquiert les bases d’une bonne socialisation et découvre une autre forme de culture avec ses codes est spécificités.

 

Enseignement dispensé directement en LSF à une classe d’élèves sourds.

Par des professeurs bilingues : Langue des Signes solide et bien structurée permet à l’élève de développer sa culture générale, de structurer son raisonnement et favorise les apprentissages.

Cours bilingues, directement en LSF Par des enseignants signants.

Français, LSF,Histoire, Géographie, Anglais, S V T, Physique, Chimie, Mathématiques

Cours en intégration avec des interprète LSF.

Technologie, EPS, Arts plastiques, Intervenants extérieurs.

Deux AESH bilingues accompagnent les élèves dans leur apprentissages.

Des projets collectifs associant élèves sourds et entendants.

Pour faciliter les échanges entre élèves sourds et entendants, un enseignement optionnel de LSF est proposé aux élèves entendants dès la 6ème.

Des projets collectifs associant élèves sourds et entendants.

 

Cours dispensés en classe d’élèves sourds directement en LSF

Par des professeurs sourds ou entendants signants.

Lettres, Philosophie, LSF, Physique/Chimie, Mathématiques.*

 

Cours dispensés en classe d’élèves sourds par des professeurs entendants non signants

Accompagnés par un interprète LSF.

Anglais, Sciences et Vie de la Terre.*

 

Cours en intégration avec interprète LSF

Histoire/Géographie, EPS, SES, enseignement d’exploration de Seconde, Travaux personnalisés encadrés (TPE) de 1ère.*

 

Une orientation ambitieuse :

Toutes les orientations sont possibles pour les élèves sourds, de l’Université aux BTS, classes préparatoires, écoles d’ingénieurs…

 

TÉMOIGNAGES

Écouter le choix de son enfant

“Je voudrais commencer en disant que nous n'avons pas choisi la Langue des Signes pour notre enfant.

C'est lui qui a réagi à cette langue. Nous avons su être à son écoute, c'est tout ! Comme de nombreux enfants sourds, notre fils a commencé par une prise en charge orthophonique précoce à 18 mois avec appareillage. Mais cela ne donnait pas de bons résultats. Le médecin phoniatre nous expliquait que c'était lié au comportement particulier de notre enfant. Peut-être s'agissait-il de troubles autistiques ?

Nous avons donc fait d'autres bilans en pédopsychiatrie qui ont montré que notre fils avait des troubles du comportement dus à son impossibilité de comprendre le monde qui l'entourait. J'ai appris, en lisant différents articles, que si un enfant sourd ne rentrait pas suffisamment rapidement dans la communication, il risquait de graves troubles de la personnalité. Là, nous avons décidé de prendre des cours de Langue des Signes et en quelques mois, il s'est mis à nous regarder dans les yeux et à s'ouvrir sur le monde.

Suite à cela, nous voulions trouver un type d'éducation lui permettant de maîtriser totalement et finement sa langue : la Langue des Signes.
Ainsi avec la Langue des Signes, on peut tout lui expliquer et il peut tout dire. Une scolarité directe en Langue des Signes avec des enseignants sourds permet à notre fils de se construire réellement et scolairement."

Isabelle


 

Nous ne voulions pas te “réparer”

“Quand j'ai appris que tu étais sourd profond, j'ai d'abord été triste. J'étais inconsolable.

Pour toi, nous avons commencé à apprendre la Langue des Signes ; toute la famille a adopté cette langue très simplement au départ, plus efficace par la suite. Et je n'oublierai jamais ce jour béni où pour la première fois avec tes petites mains, tu nous a répondu.

En te voyant si heureux, nous ne regrettons pas d'avoir choisi cette langue qui te permet de t'exprimer avec beaucoup de facilité.
Suivra le reste, la lecture, l'écriture et peut-être même la parole.

Nous, nous t'aimons comme tu es et nous ne voulons pas de " réparer ".
Ta réussite ce n'est pas que tu parles à tout prix, mais surtout que tu t'épanouisses avec ta langue naturelle et tes petits amis qui signent comme toi. "

Anne


 

Que la communication soit un plaisir

“Maman d'une fille sourde profonde de naissance, j'ai choisi la Langue des Signes parce que je ne voulais pas que ma fille épuise son temps et son énergie à apprendre à parler et à lire sur les lèvres.

Il y a tant de choses à comprendre, je voulais qu'elle vive sa vie tout simplement et aussi facilement que ses frères entendants.
Je voulais que la communication soit avant tout, un plaisir et non, un labeur au quotidien.

Je sais que son intégration dans notre monde d'entendants passe par le respect de sa différence.
Équilibrée parce qu'ayant une identité propre, elle a confiance en elle et trouve sa place. "

Félicie

Un bon modèle pour nos enfants

“D'abord, nous ne voulions pas que nos enfants vivent ce que nous avions vécu nous en établissement spécialisé.
La scolarité de notre fille aînée ne marchait pas très bien, il fallait trouver autre chose. Nous avons eu connaissance des classes en Langue des Signes.

Ce qui nous a vraiment plu, c'est que dans ces classes, l'enseignement était fait de façon claire par un adulte sourd.
Là, l'adulte sourd est reconnu comme capable et autonome. Nous trouvons que c'est un bon modèle pour nos enfants.

Les méthodes pédagogiques étaient transparentes, rien était caché.
Et le travail des enfants que l'on nous a présenté était d'un bon niveau.

Tout cela, nous a convaincu et nous avons déménagé pour que nos enfants puissent avoir ce type de scolarité. "

Michel et Annick


 

Notre fils est à l'aise et suit totalement l'enseignement

“Notre fils a fait une première année en intégration en école maternelle et il n'arrivait pas à suivre ce qui se passait autour de lui.

Avec les classes d'enseignement direct en Langue des Signes, l'enfant sourd comprend tout facilement. En fait, cela se passe comme dans les classes d'enfants entendants sauf que c'est en Langue des Signes.

Le niveau d'enseignement scolaire est normal, les enfants sourds n'ont pas de retard scolaire. Cette classe se trouve dans une école ordinaire ce qui favorise les échanges avec les enfants entendants.

Les enfants entendants découvrent ainsi qu'il y a d'autres enfants qui parlent une autre langue : la LSF .

Depuis que notre fils se trouve dans cette classe, il est à l'aise et suit totalement cet enseignement. "

Laurence et Jean

 

La communication est là et même plus encore

“Que de soucis à la naissance de Cyril, petit bonhomme, né beaucoup trop tôt.
Alors que les différents problèmes s'amenuisaient, son comportement coléreux et renfermé nous faisait craindre le pire.

L'annonce de sa surdité fut considérée comme une épreuve de plus que le temps allait arranger. Cet espoir était une façon de nier son handicap.
Mais il a bien fallu se rendre à l'évidence et à la suite des parents adopter une méthode pour aller à la rencontre de cet enfant muré dans le silence. Voilà comment nous avons découvert la Langue des Signes.

Nous, les papis et mamies avons essayé de suivre au mieux la démarche de nos enfants car il n'y avait pas d'autre alternative. Nous allons au cours de LSF depuis quatre ans et pensons continuer afin de garder une pratique hebdomadaire de la langue car Cyril habite loin de chez nous. De plus par l'intermédiaire des cours, nous avons rencontré des adultes sourds bien dans leur vie qui nous ont exprimés leur admiration sur l'effort que nous faisions, car eux même n'avaient pas bénéficié de cet environnement familial.

Depuis deux ans la famille de Cyril est installée à Ramonville afin qu'il puisse bénéficier d'un enseignement en LSF et malgré l'éloignement encore plus grand, nous pouvons à chaque séjour apprécier les progrès de notre petit fils, son épanouissement et sa joie de vivre. Lorsque nous venons passer quelques jours, il est tout heureux de nous voir et nous pouvons jouer, faire du sport et échanger même si notre vocabulaire en LSF est assez limité.

Cependant la communication est là, comme avec nos autres petits enfants et même avec Cyril, il y a un plus… "

Claudine


 

Le goût du contact que cela soit dans le monde des sourds ou des entendants

“Nous sommes les grands-parents d'une petite fille sourde, Marion.
Ses parents se sont informés, à droite, à gauche, et puis ils ont fait des choix dont on n'a pas tout de suite compris l'importance, ni les enjeux.

Pour nous, grands-parents, c'est leur confiance dans l'avenir et leur détermination qui a finalement tracé notre chemin, et nous a conduit à porter très vite sur tout cela un autre regard ; nous apprécions chaque jour de partager en famille, et bien au-delà, grâce à Marion, tant de choses nouvelles.

Étonnant, d'abord, ce choix des parents de chercher pour Marion une " Nounou " sourde.

Puis on comprend l'importance pour le tout petit enfant d'avoir une langue : la LSF sera cette première langue.
Mais que de démarches pour que les services administratifs admettent comme " gardienne agréée " une personne sourde !
C'était le début d'une longue et belle histoire.

Ensuite, pour les parents de Marion, apprentissage de la LSF, stage après stage … On va essayer de suivre… mais pour nous… dur, dur !
Dans les stages de LSF, il y a plus d'étudiants que de grands-parents !… et pour la mémoire, on l'aimerait plus vive pour mieux se souvenir des signes enseignés, enfin, la Langue des Signes n'est pas une langue simple… mais quelle beauté, quelle poésie et que de découvertes et de contacts, pour nous, autour de tout cela.

Dernière étape, Marion entre à l'école bilingue de Ramonville.
Elle est maintenant en CP. Nous la voyons progresser : lecture, écriture, éveil dans toutes sortes de domaines. On a le sentiment qu'elle est épanouie, heureuse et à l'aise dans ce cadre où sa sociabilité peut pleinement s'exprimer au milieu d'autres enfants et d'enseignants sourds.

Malgré nos stages successifs et notre motivation, notre niveau en LSF est plus que moyen… Qu'à cela ne tienne !
Marion trouve toutes sortes de moyens pour provoquer puis assurer la communication : rappel d'un signe oublié, correction d'un signe mal fait, mime, dactylologie, oralisation, écriture, dessin…

Nous pensons que l'équilibre qu'elle acquiert dans un univers où elle se sent parfaitement à l'aise et les apprentissages scolaires dans lesquels elle progresse, dans un cadre bilingue, au même rythme que les enfants entendants, sont des atouts pour notre petite-fille et favorisent chez elle le goût du contact que ce soit en milieu sourd ou en milieu entendant. "

Jean-Claude et Françoise

Réussir avec épanouissement et confort

“A l'âge de 16 ans, 600 km séparaient ma famille et moi-même : c'était la distance entre Annecy et Toulouse.
Pourquoi cette distance ? Pour réussir le BAC avec épanouissement et confort.

Durant mon enfance, j'ai connu plusieurs modes de communication : oral, français signé et LPC (courte durée). Ce n'est qu'à partir du lycée que j'ai pu utiliser ma propre langue maternelle : la Langue des Signes (LSF) !

Le premier jour au lycée, j'étais émue par la rencontre des enseignants sourds ou entendants sachant " parler " en LSF. C'était aussi la première fois que je pouvais communiquer (écouter et échanger) réellement avec mes camarades sourd(e)s puisque, dans les écoles, spécialisées ou non, nous ne pensions qu'à une seule chose : suivre attentivement les professeurs par lecture labiale.

Grâce à l'enseignement en LSF, mon français a progressé très rapidement, ce qui m'a permis d'accéder à un niveau de français très correct.
Mes professeurs m'ont redonné courage et motivation pour continuer mes études supérieures. Ils m'ont également donné la force de continuer à me battre tout en préservant mon statut d'étudiant après le BAC.

La preuve : après avoir empoché le DEUG avec mention, je prépare des études supérieures dans le domaine des Industries Alimentaires à l'Institut Supérieur de l'Ingénieur de Montpellier.

Certes, j'ai rencontré de gros obstacles qui n'ont été surmontés qu'avec le soutien permanent de ma famille entre autres.
Les aides financières sont insuffisantes pour mes besoins : interprètes, preneurs de notes, soutien. Insuffisant aussi : le nombre d'interprètes en LSF ayant des compétences scientifiques.

Ma dernière petite victoire : devenir l'un des 20 lauréats parmi des centaines de candidats pour obtenir une bourse d'ingénieurs accordée par la Fondation Georges BESSE afin de compenser mes besoins.

Mon grand rêve : voir se multiplier les classes en LSF (classes bilingues) et voir s'accroître le nombre des professeurs pouvant signer en LSF pour tous les niveaux d'études. "

Delphine


 

C'est simple et clair

“Mes parents ont choisi de m'éduquer en Langue des Signes parce que je suis sourde profonde. Mais cela a été décidé, assez tard, j'avais 6 ans, parce qu'avant, ils ne savaient pas que les classes en Langue des Signes existaient.

Comme nous habitions Périgueux, je suis allée dans la classe LSF de Poitiers mais c'était compliqué car il y avait des personnes sourdes et entendantes qui s'occupaient des enfants.

Aussi mes parents et moi, nous avons décidé de venir à Toulouse où c'était plus clair.

J'ai plein de bons souvenirs de la classe en LSF : La classe verte.
Je n'ai pas passé le BAC. J'ai arrêté au niveau de la Seconde. J'ai réussi le CAP petite enfance.

Maintenant, je suis assistante pédagogique dans la classe maternelle en LSF de Toulouse.
La classe en LSF m'a donné clairement mon identité de personne sourde. Cette classe en LSF est très proche du fonctionnement d'une classe entendante !

C'est simple et clair !

Emilie


 

Le premier maillon de la chaîne, c'est la LSF

A la maternelle, j'étais en intégration individuelle dans une école ordinaire.
Au bout d'un an comme ça n'allait pas, le professeur a conseillé à mes parents de me scolariser avec d'autres enfants sourds.
Alors pendant un an, j'ai fréquenté un établissement spécialisé oraliste, ça n'allait pas non plus parce que les enseignants ne communiquaient pas. Le professeur parlait et signait à peine, je ne comprenais rien.

C'est comme ça que je suis rentrée en classe LSF au CP.
Ça a été une vraie révélation, je n'arrêtais plus de poser des questions, j'ai soif d'apprendre.
Je voulais tout savoir et comme c'était en LSF, je comprenais tout. Et depuis, je n'ai pas arrêté la LSF, y compris à l'Université. A la fac, je faisais appel à des interprètes.

Si je n'avais pas été en classe bilingue, je pense que j'aurais passé un CAP. Le premier maillon de la chaîne, c'est la LSF.

Tout vient s'accrocher à ce premier maillon. Sans la LSF, tous les maillons sont dispersés, éparpillés. Il n'y a plus de cohésion, pas de logique.

Juliette


 

J'apprends tout

“Quand j'avais 6 ans, j'étais dans une classe avec des enfants sourds et un professeur entendant.
Elle savait un peu la Langue des Signes. Mais ça dépendait , je ne comprenais pas tout parce que des fois elle parlait.

Et aussi, l'orthophoniste était dans l'école. Elle m'interrompait toujours pour aller apprendre à parler.  Je commençais à en avoir marre.

Un an plus tard, je changeais d'école. Dans cette nouvelle école, il y a des enfants sourds et des professeurs sourds. Elles savent la Langue des Signes.

C'est super parce que mes professeurs m'apprennent tout.

J'avance bien dans mon travail. Quelquefois, en sortant de l'école, je vais chez l'orthophoniste pour apprendre à parler.
Mais aussi, j'aime les récrés avec les enfants entendants. "

Laure, 10 ans

" Qu'est-ce que l'éducation en Langue des Signes ? "

Marie-Paule KELLERHALS Responsable pédagogique des classes IRIS de Toulouse.
Interview présentant le fonctionnement des classes en Langue des Signes des écoles primaires.

• Quelles sont les matières enseignées en classes LSF ?

" Les matières enseignées dans les classes LSF sont : LSF, Français, mathématiques, sciences, histoire, géographie, EPS, arts plastiques.
Elles permettent à l'enfant de développer un éventail de connaissances qui vont lui ouvrir les portes de l'autonomie et de la culture.
Elles suivent strictement les horaires imposés par l’Éducation Nationale à l'exception de l'éducation musicale qui est remplacée par l'enseignement de la Langue des Signes. "

• Quelles personnes interviennent auprès des enfants ?

" Les professionnels, tous signants et à majorité sourds, sont des modèles d'identification et de motivation pour les enfants.
Ils donnent l'exemple d'adultes cultivés, intégrés dans la société et montrent que la surdité n'est pas un obstacle dans la vie quotidienne. "

• Quelle "méthode" utilisez-vous en lecture ?

" Les méthodes de lecture sont des méthodes actives où l'enfant est mis en situation. Il ne s'agit pas d'expliquer mais bien de donner les moyens à l'enfant de trouver lui-même dans la lecture les réponses à ses propres questions.
La lecture ne concerne pas que des textes de manuels scolaires. Elle va plus loin, à travers la découverte d'albums, de romans, de journaux, de documentaires…
La présence de professionnels sourds lecteurs est un moyen naturel de stimulation pour l'enfant. Par identification, il entre de lui même dans la lecture. Au fur et à mesure de l'avancée de la scolarité, l'enfant prend conscience des portes que lui ouvrent la lecture : celles de la connaissance et de l'autonomie. "

• Quelle est la place de la LSF ? À quoi sert-elle ?

" La LSF, langue naturelle de l'enfant sourd, est au cœur de l'enseignement. Elle constitue à la fois une langue de communication et une langue d'enseignement.
Elle est un support vers l'accès aux savoirs. Grâce à elle, l'enfant sourd évolue sur le plan des apprentissages scolaires au même rythme qu'un enfant entendant avec la langue orale.
Elle constitue la première langue de l'enfant sourd. C'est à travers elle que va se mettre en place l'acquisition d'une deuxième langue : la langue française écrite, celle grâce à laquelle l'enfant sourd va pouvoir entrer dans la culture de l'écrit.
La LSF est également enseignée en tant que langue vivante. Elle a, en effet, une structure, une grammaire et un vocabulaire spécifique que l'enfant va acquérir tout au long de sa scolarité. "

• Les enfants ne sont-ils pas trop enfermés dans un monde de sourds ?

" Dans les structures de l'éducation nationale où sont scolarisés les enfants sourds, les projets d'école, mis en place par l'équipe pédagogique sourde et entendante, prévoient des temps d'intégration pour les enfants sourds et entendants.
Concrètement, les actions mises en place ne se limitent pas nécessairement aux activités sportives (comme c'est souvent le cas dans les situations d'intégration) mais peuvent prendre de plus amples dimensions comme l'intégration des enfants dans le cadre d'un projet, ex : " création d'un recueil de contes. "
En outre, l'intégration est aussi une intégration sociale sur les temps de récréation ou sur les temps d'activité périscolaires. Tout ceci fait que les enfants sourds sont quotidiennement en contact avec leurs camarades entendants et parviennent à nouer de véritables contacts. "

• Comment se passe la relation avec le reste de l'école ?

" Les classes LSF sont membres à part entière des écoles d'accueil.
Les élèves sourds participent à la  vie de l'école au même titre que leurs camarades entendants.
Les équipes pédagogiques de l'association IRIS et celles de l’Éducation Nationale ne forment qu'une seule et même équipe. Les projets sont décidés d'un commun accord et prennent en compte tous les élèves de l'école qu'ils soient sourds ou non.
Pour pallier à la communication et dans le respect de chacun, élèves et adultes, sourds et entendants, il est fait appel à un interprète pour les moments formels, à savoir les conseils d'élèves ou les réunions pédagogiques.
Dans les moments informels, chacun sait trouver les moyens de communiquer : cahiers de liaison, mime…
De plus, des ateliers de LSF sont proposés aux élèves entendants sur le temps 12 h-14 h. "

• Quels obstacles et quelles réussites pour les enfants?

" Les résultats des élèves scolarisés en classes LSF sont encourageants :

- sur le plan personnel : ce sont des enfants conscients de leur identité, qui possèdent les mêmes connaissances que les enfants de leur âge, débordants de vitalité et animés d'un vif esprit de curiosité.

- sur le plan scolaire, des évaluations régulières montrent que les compétences visées par l'enseignement sont intégrées.
Ce constat est confirmé par les résultats honorables obtenus aux évaluations nationales d'entrée en CE2 et en 6e.

Ceci est aussi la résultante de la dynamique de l'équipe enseignante qui se concerte régulièrement pour offrir aux jeunes élèves une pédagogie de la réussite à travers la Langue des Signes. « 


 

" Mais pourquoi les sourds lisent-ils si mal ? "

Jean-Yves LE CAPITAINE Directeur adjoint du centre Charlotte Bloin d'Angers, Formateur du CNFEDS

Mais pourquoi lisent-ils si mal ?

Cela renvoie au taux de 80% de sourds illettrés. Une des causes donnée est que la personne sourde n'a pas de conscience phonologique, ne maîtrise pas le code phonologique.
Il est dit aussi que les sourds sont en échec puisqu'ils n'arrivent pas à oraliser. Ces discours se situent dans un schéma linguistique avec une séparation marquée de ce type :

Sujet sourd avec la LSF / Conscience phonologique langue orale langue écrite
Il faut accepter que l'utilisation de la LSF par un sujet sourd est un autre rapport au monde, une autre manière d'être et donc une autre manière d'entrer dans la langue écrite.
Il faut opposer le paradigme de la différence à celui de la déficience.

L'utilisation de la LSF permet :

- de développer les différentes dimensions linguistiques d'une langue qui sont nécessaires pour investir la lecture,

- de développer la connaissance générale nécessaire elle aussi à l'entrée dans la lecture,

- d'être un outil d'analyse de l'écrit ( commentaires, inter texte …). Il faut accepter qu'il y ait différentes entrées possibles dans l'écrit et qu'il n'y a pas que la conscience phonologique.

Pour permettre aux personnes sourdes d'entrer dans la lecture et l'écriture, il faut :

- développer sa langue naturelle qui lui donne les connaissances linguistiques nécessaires,

- les confronter à l'écrit vrai, de toutes sortes, sans supprimer ses complexités et le plus tôt possible,

- développer les transferts de compétences linguistiques de la LSF au français écrit,

- développer les concepts et connaissances générales.

La vraie question est :

Mais comment lisent-ils ? Et non pourquoi lisent-ils si mal ?


 

La Langue des Signes en classe, et après … ?

Christian CUXAC Chercheur Université Paris 8, extrait de son article paru dans la revue : Langue Française n°137 de février 2003.
Article élaboré dans le cadre de l'action incitative " Cognitique 2000 : langage et cognition "

Jusqu'à présent, les rapports de synthèse sur la situation de l'éducation des sourds en France, confrontant les différentes méthodes d'éducation, ont comme ritualisé une mise en garde qui s'adresse régulièrement aux équipes qui pratiquent une éducation bilingue selon une tenace formule consacrée : " la Langue des Signes n'est pas une panacée ".

Imaginons des mises en garde analogues qui prêteraient aux instituteurs enseignant en milieu entendant la croyance que seul le fait de parler français en classe suffit à abolir tout problème pédagogique.

En matière d'éducation bilingue des enfants sourds, disons-le haut et fort, la pratique de la Langue des Signes en classe n'est pas une panacée, c'est un pré requis ; comme est un pré requis la connaissance métalinguistique approfondie du fonctionnement de la Langue des Signes.
Et c'est sous ces conditions-là que les problèmes pédagogiques peuvent commencer à se poser. [ …] Aussi, l'éducation bilingue des enfants sourds invite à créer une pédagogie novatrice, inventive et difficile.
En raison des efforts consentis par ceux qui y participent (volontariat d'un apprentissage longue durée de la Langue des Signes et d'une formation linguistique poussée), on peut être assurés que c'est dans la conscience de cette difficulté même que s'est effectué leur choix.


Le droit pour l'enfant sourd d'être bilingue et biculturel

François GROSJEAN Professeur de psycholinguistique et directeur du laboratoire du traitement du langage de l'Université de Neuchâtel (Suisse).
Résumé de l’intervention lors de la journée d’études du 23/11/03 “Bilinguisme précoce, aujourd’hui et demain ...”

Être bilingue ne veut pas dire maîtriser deux langues de manière équivalente et de façon parfaite, ni que l'acquisition se fait de manière simultanée.
Une personne bilingue se sert de deux langues dans la vie de tous les jours. Ainsi, la plupart des sourds qui font régulièrement usage de la LSF et de la langue française (dans sa forme écrite, par exemple) sont bilingues.
La personne bilingue utilise l'une ou l'autre langue de façon complémentaire selon les situations dans lesquelles elle se trouve. Ces situations peuvent varier de la situation monolingue avec inhibition complète de l'autre langue à la situation bilingue où l'on fait un va et vient constant entre les deux langues.
L'enfant apprendra l'une et l'autre langues s'il en ressent le besoin.
Aussi pour que l'enfant sourd puisse apprendre la langue française orale ou écrite, il faut le placer à certains moments, dans une situation monolingue.

Les intérêts d'apprendre la LSF sont :

- la stimulation des structures langagières,

- la communication précoce au sein de la famille, à un bon débit,

- le développement des connaissances générales,

- le bon développement cognitif,

- le développement de la langue orale (écrite et/ou parlée) comme moyen de clarification des textes, de lien direct sens et orthographe, écriture… (métalangage)

Défendre, l'apprentissage précoce de la LSF ne veut pas dire s'opposer à la langue française. De plus, la pratique du bilinguisme ne doit pas être considérée comme exceptionnelle.

La personne biculturelle est définie comme étant celle qui participe à la vie de deux cultures, qui s'adapte à l'une et à l'autre et qui synthétise certains traits de l'une d'elles.
Aussi, il est clair que de nombreux sourds sont également biculturels.
L'enfant sourd doit être préparé à devenir une personne biculturelle c'est à dire d'être membre de la culture sourde et entendante même s'il y a dominance d'une culture par rapport à l'autre.

Nous défendons le droit à l'enfant sourd à grandir bilingue et biculturel.


 

Enseignement de la lecture par voie directe

Gilles MONDEME Enseignant et chercheur à l’A.F.L. et l' I.N.R.P.
Compte-rendu APES Midi-Pyrénées du colloque AFL du 09/10/02 “Quelle réussite pour les enfants sourds ?”

L'enseignement de la lecture n'est pas effectué par la méthode de déchiffrement qui considère l'écrit comme un moyen de distanciation de la forme orale de la langue mais par la voie directe.

La voie directe considère l'écrit comme un système linguistique propre qui nécessite une analyse du fonctionnement de l'écrit.

Il y a donc deux systèmes à mettre en œuvre :

- donner du sens au message lu c'est-à-dire sa lecture

- étude des différents procédés linguistiques mis en œuvre (mise en évidence des caractéristiques du texte, analyse de la grammaire de phrases => règles, analyse de la morphologie des mots rencontrés…)

Ici, il y a enseignement de la lecture sans passage obligé par l'alphabétisation, c’est-à-dire sans usage de la correspondance grapho-phonologique.
Ce choix pédagogique a été fait car l'étude grapho-phonologique de l'écrit apparaît être une démarche réductrice : elle ne fonctionne que sur les systèmes d'écriture à dominante phonographique et ne tient pas compte de l'aspect linguistique propre de l'écrit.

Cela expliquerait peut être pourquoi les élèves évalués en CE2 puis 6e obtiennent de bons résultats dans la recherche d'informations simples (explicites du texte) et sont en fort échec dans l'accès aux données implicites du texte.
Il faut bien signifier que cette démarche pédagogique concerne l'enseignement de la lecture pour des enfants entendants.
Cela montre donc qu'avec cette approche de la langue écrite qui ne s'appuie pas sur l'aspect phonographique de l'écrit, les enfants sourds possèdent toutes les aptitudes pour devenir un lecteur expert, tout autant que l'enfant entendant.

Il ne faut pas oublier que dans cette démarche, il y a nécessairement besoin d'une langue de communication pour réfléchir et débattre sur les caractéristiques de la langue écrite.
Pour l'enfant entendant, on utilise le français oral et pour l'enfant sourd la LSF.


 

L'individu sourd, le langage et la communication

Ivani FUSELLIER-SOUZA Université Paris 8. SAT
Extrait de l'article " Apprentissage institutionnel d'une troisième langue par les apprenants sourds. Discussion autour d'une approche bilingue dans l'enseignement d'une langue vivante "

Il faut savoir que le handicap lié à la surdité est partagé aussi bien par la personne sourde que par son environnement entendant.
Devant un individu sourd, nous perdons, d'une certaine façon, notre faculté de comprendre et de nous faire comprendre :

" l'enfant atteint de surdité n'est pas comme un aveugle qui est vu bien qu'il ne voit pas ; le sourd, lui, non seulement n'entend mais n'est pas entendu."
(Ajuriaguerra, 1972, p.237).

Ainsi, l'acte primordial de la communication humaine se trouve entièrement perturbé, mettant les deux interlocuteurs sourds et entendant dans une entrave réciproque.
Dans la majorité des cas, cette situation peut s'étendre tout au long de la vie de l'individu sourd, provoquant ainsi de sérieuses répercussions sur ses compétences communicatives et linguistiques.

Bien souvent, lorsque la société est confrontée à des formes d'humanité échappant à la " normalité " sociale, la première réaction qui survient est celle d'un déni (Gruson et Dulong, 1999).
La surdité, considérée comme une calamité, doit être coûte que coûte sujette à réparation. Dans cette optique, tout un système de réhabilitation de l'individu sourd est déclenché dans le but de le faire approcher le plus possible de la " norme " sociale des entendants, comme le dit B. Mottez (1993) :

"L'idée d'une vie sourde apparaît à priori si insupportable que des efforts considérables ont été toujours mis en œuvre pour tenter d'en venir à bout.
Malheureusement, la surdité n'est pas une maladie qu'on soigne, qu'on guérit. C'est un état".

Reconnaître et accepter la surdité comme un " état " et non plus comme une déficience lourdement handicapante peut amener à entrer dans l'univers fascinant et gratifiant de la différence.
On remarque alors, que ces personnes sourdes utilisent une langue originale, la Langue des Signes, qui leur permet de se comporter dans tous les domaines de la vie privée et sociale comme toute personne.

Et, allant plus loin, lorsqu'on s'engage dans un réel échange avec des personnes sourdes en les considérant comme des interlocuteurs à part entière, notre sentiment de frustration et d'échec à communiquer fait progressivement place à un étonnement teinté d'admiration devant tout ce que l'on découvre peu à peu sur eux-mêmes, soi-même et sur l'être humain en général ; la surdité se dévoile alors comme un puissant analyseur de la faculté de langage pouvant apporter de nouveaux éclairages sur la cognition humaine (Cuxac, 2001).

C'est en suivant cette démarche que s'est déroulée mon expérience d'enseignement d'une troisième langue à des jeunes sourds.
En prenant le parti d'un positionnement sociolinguistique vis-à-vis de la surdité, les individus sourds sont alors considérés comme des êtres de " parole ", disposant d'une langue visuelle avec laquelle ils ont accès à la connaissance.


 

L'enseignement de la LSF dans le cadre d'un enseignement en Langue des Signes pour élèves sourds au collège

Jean-Louis BRUGEILLE (sourd) Professeur devenu inspecteur de l’Éducation Nationale chargé de mission nationale de la LSF

Il y a des cours de mathématiques en Langue des Signes, d'histoire et géographie en Langue des Signes, et ainsi pour toutes les matières, ce qui signifie que la communication orale entre maître/élèves s'établit en LSF.
L'écrit se fait bien sûr en français. Mais il y a aussi un cours de LSF, où on étudie la LSF comme matière en elle-même.

Par analogie, le français est enseigné en tant que langue première chez les entendants francophones ; la LSF est considérée, pour les élèves sourds, comme leur première langue naturelle.
Quant au français, il est la deuxième langue vivante.

L'enseignement en LSF n'est pas récent. Au XVIIIe siècle, l'abbé de l'Epée l'avait mis en œuvre, mais en utilisant en plus des signes méthodiques.
D'autres professeurs sourds et entendants après lui ont pris le relais dans une communication améliorée sans les signes méthodiques pendant un siècle.
Malheureusement, cette forme d'enseignement fut radicalement abolie en 1880, à la suite du congrès de Milan interdisant les signes et favorisant exclusivement la parole.
L'enseignement en LSF n'est donc pas une innovation, mais un retour à une pédagogie déjà utilisée autrefois.

Par contre l'enseignement de la LSF, lui, semble nouveau. Le but de ce cours est de donner une bonne LSF aux élèves.
On étudie pour cela les structures syntaxiques de la LSF. Pour bien comprendre l'objectif de ce cours, il est plus simple de le comparer avec un cours de français.

Dans le cours de français, pour les élèves entendants, on part de formes simples, puis au cours de la progression des élèves, on ajoute des structures plus complexes, dont on étudie la grammaire.
On étudie l'expression, la rédaction de textes structurés avec une introduction, un développement, une conclusion et donc tout un travail sur l'écrit et sur la langue.

Les objectifs du cours de LSF pour élèves sourds sont assez semblables à ceux du cours de français et non à ceux d'une langue vivante étrangère.
Bien sur, il y a des spécificités propres à la LSF, sa grammaire particulière et donc des actions pédagogiques associées.


 

Enfants sourds dans des familles entendantes

Ivani FUSELLIER-SOUZA Université Paris 8. SAT
Extrait de l'article " Apprentissage institutionnel d'une troisième langue par les apprenants sourds".

En général, dans tous les foyers entendants ayant un enfant atteint de surdité profonde, on remarque, dès sa première année, la présence d'un système élémentaire de communication gestuelle mis en place par l'enfant et ses proches (cf. Goldin-Meadow, 1995, 1998).

Ce système peut évoluer de deux façons différentes.

Dans certains cas, la communication par gestes peut s'avérer presque nulle lorsque les parents entendants sont pris par un circuit médical et paramédical où rien n'est mis en œuvre pour les aider à accepter leur enfant dans ce qui fait sa spécificité et sa différence.
Les idées selon lesquelles la production de gestes est envisagée comme un obstacle à l'acquisition de la parole influencent directement la position des parents qui, inévitablement, interdisent à leur enfant de produire des signes et ne s'adressent à lui que par la parole.
Le développement cognitif et éducatif de l'enfant, dans ce cas, peut être considérablement perturbé.

En revanche, lorsque les parents prennent conscience positivement de la dimension sociolinguistique de la communauté des sourds, un système gestuel peut s'établir efficacement dans la communication entre l'enfant et la famille (cf. Fusellier- Souza, 2001).
Ces parents, encore très minoritaires, arrivent à dépasser leur premier sentiment de frustration et rentrent dans l'univers de la surdité en tant que différence. La Langue des Signes est ainsi acceptée et utilisée, en parallèle avec le français, dans la communication et l'éducation de cet enfant.
Malheureusement, la voie éclairant les parents en direction de cette démarche est dans la plupart des cas obstruée lorsque la surdité est détectée par des professionnels dits " spécialistes de la surdité " qui, malgré leurs bonnes intentions, sont très mal informés sur l'éventail des choix pour vivre autrement avec la surdité.

Enfants sourds issus de parents sourds :

Environ 10% d'enfants sourds de naissance ont des parents eux-mêmes sourds. Leurs résultats scolaires comptaient parmi les meilleurs.
En effet, grâce à leur bonne maîtrise et leur contrôle linguistique de la LSF, ces jeunes élèves possédaient de nombreux avantages sur leurs camarades de classe. Ils étaient capables de :

- se reconnaître en tant que sujets parlants à part entière ;

- structurer et communiquer leur pensée sans aucune entrave ;

- argumenter et contester un point de vue ;

- posséder une vaste quantité d'informations générales sur le monde ;

- prendre une distance métalinguistique leur permettant de poser des questions sur la langue étrangère, demander des reformulations, des définitions.

Il est certain que ces élèves s'inscrivent idéalement dans un cadre d'enseignement bilingue.
Cependant, une grave erreur de la part de l'enseignant serait de penser que seuls les enfants de parents sourds présenteraient, grâce à leur accès à une langue maternelle, des comportements linguistiques cohérents.


 

Enseignement du français dans une filière bilingue au lycée

Brigitte EL KHOMSI Professeur de Français au collège André Malraux et lycée des Arènes, Ramonville-Saint-Agne

Les attentes qui pèsent sur cette discipline, qu'elles proviennent de l'institution scolaire, des parents, des élèves, des collègues ou de la société, sont à prendre en compte et à intégrer dans l'enseignement, davantage que dans le cadre d'un enseignement ordinaire.

La première est celle de l’Éducation Nationale qui fixe comme objectifs de l'enseignement du français la maîtrise de la langue, la connaissance de la littérature et l'appropriation d'une culture.
Les élèves sourds ayant le même programme que les élèves entendants, l'enseignement du français poursuit les mêmes buts.

Les attentes des parents portent essentiellement sur la maîtrise de l'écrit mettant parfois sur un plan secondaire la dimension culturelle de la langue.

Le regard des élèves correspond souvent à celui des parents.
Les élèves ont toujours comme premier souci la maîtrise du français écrit comme moyen d'intégration et d'information, viennent assez vite la lecture comme source de plaisir, de connaissance et d'ouverture sur le monde et l' écrit comme moyen d'expression.

Les attentes des collègues sont également très fortes, tous les cours reposant sur l'utilisation permanente de deux langues et le français étant dans la majorité des disciplines associé à l'acquisition des connaissances et à l'évaluation des élèves.
Le professeur de français se doit de réaffirmer la dimension culturelle de l'enseignement du français ce qui se traduit par une part importante de LSF dans le cours et une réflexion sur la spécificité culturelle du français, réflexion qui passe nécessairement par une confrontation avec la LSF, langue chargée culturellement elle aussi.

La LSF est tout d'abord la langue de la lecture ; c'est elle qui va accompagner la lecture et permettre l'analyse du texte écrit. Le passage par la LSF permet en effet de vérifier le niveau de compréhension d'un texte, la cause des blocages éventuels.
La LSF va donc être sollicitée pour :

- l'apport des connaissances qui permettent de comprendre ou préciser le sens du texte ;

- l'information sur la dimension culturelle d'un texte, sur la langue propre à une époque, à un genre littéraire, à un registre ;

- la vérification de la compréhension du texte ;

- les précisions sur le sens et l'emploi des mots dans le texte ;

- l'acquisition et la vérification de la maîtrise des outils de l'analyse donnés et utilisés en LSF avant d'être donnés en français ;

- l'acquisition de notions nouvelles expliquées et mises en pratique en LSF avant transposition au français.

L'enfant sourd est un être de parole

A. MEYNARD Docteur en psychologie, psychanalyste -Université de Provence -
Compte-rendu APES Midi-Pyrénées du colloque A.F.L. du 09/10/02. “Quelle réussite pour les enfants sourds ?”

Il pense que les êtres humains ne choisissent pas la langue qui les attire.
Les sourds sont appelés par les gestes, les regards qui répondent à leurs désirs.
L'enfant sourd est attiré par tout ce qui est visuel et moteur.
L'enfant sourd ne parle pas la langue qu'il veut ni celle qu'on veut pour lui mais la langue qui lui parle.
C'est la famille qui permet à l'enfant d'avoir envie de parler, de signer vers l'autre.
L'enfant répond au désir humanisant de ses parents qu'il soit visuel, gestuel ou sonore.
La prise de parole pour les sourds est tout à fait possible, ils ne sont pas des handicapés du langage et de l’ouïe car :

- Entendre n'est pas qu'écouter des sons,

- Parler n'est pas que produire des sons,

- Lire n'est pas que mettre en sonorités.

L'enfant sourd a les mêmes potentialités que tout autre enfant, cela dépend de l'accueil donné et des représentations socioculturelles du pays dans lequel il naît.
En ce qui concernent les difficultés des sourds à entrer dans l'écrit, deux éléments à noter :

- Ce sont les sourds eux-mêmes qui peuvent dire quel sens fait l'écrit pour eux  (Il faut leur poser la question, ne pas répondre à leur place).

- L'être humain n'écrit que la langue qui lui parle. C'est en stoppant, en altérant leur entrée dans la langue qu'on altère ensuite leur entrée dans l'écrit.

Il faut nécessairement la groupalité des enfants sourds pour la mise en place de la langue car on ne peut faire langue tout seul, on fait fonctionner une langue ensemble, à plusieurs.

Parler, c'est :

- jouer avec les gestes

- jouer avec d'autres

- dire et se dire, pour parler ses désirs et ses demandes.

L'enfant sourd ne doit pas seulement jouer avec le concret, il faut aussi qu'il puisse s'engager linguistiquement dans le désir de parler.

Il faut que l'enfant puisse développer sa curiosité langagière désirante ce qui lui permettra par la suite de rentrer dans l'écrit.
La considération de la langue comme réduite au sémiotique c'est à dire à l'audio phonatoire est très réducteur et c'est un idéal faux et discriminatoire.

Remarque : Groupe de recherche en neurologie japonais a démontré récemment l'activation de l'aire cérébrale auditive lors de l'émission d'un discours en LSF.
Mauvaise nomination de l'aire cérébrale auditive qui devrait être aire cérébrale langagière.

Qu'est-ce que l'intégration ? C'est établir un individu dans son intégrité, intégrité d'être parlant.

L'intégration collective est la mise en évidence de deux modes d'échanges différents, c'est la mise en coexistence langagière de deux groupes.


 

Article faisant synthèse des travaux sur l'enfant sourd et sa prise en charge

Benoît VIROLE Docteur en psychologie, Docteur en linguistique - Hôpital Robert Debré - Paris
Consultation surdité et santé mentale – Paris viroleb@worldnet.fr - www.benoitvirole.com

Depuis plusieurs années, notre expérience de psychologue travaillant dans une consultation psychologique spécialisée pour enfants et adolescents sourds nous a emmené à dresser un tableau plutôt sombre de la situation de nombre de ces enfants : échec scolaire massif et répété, difficultés majeures d'apprentissage, désintérêt pour la scolarité, absence de motivation pour les connaissances générales, analphabétisme résistant, errance sociale à l'adolescence, violence, tous ces problèmes.

L'objectif fondamental, anthropologique, de l'éducation des sourds n'est ni d'en faire à tout prix des êtres entendants et parlants, ni de viser une qualification professionnelle pour les insérer dans le monde du travail.
L' objectif est d'en faire des acteurs autonomes de leur destin. Que faut-il faire pour permettre à cet enfant sourd de comprendre le monde dans lequel il est emmené à vivre, pour l'aider à s'orienter dans ce monde ? Comment peut-on l'aider à agir dans ce monde ?

La surdité est l'effet d'une diminution sensible de l'acuité auditive. Quand cette altération survient dans les premiers mois, il s'ensuit une perturbation importante dans le développement du langage. Le développement naturel de la parole ne se réalise pas. Très généralement, l'enfant développe alors spontanément un mode linguistique de type visio-gestuel.

D'autres enfants peuvent s'orienter en direction du langage oral avec le concours d'interventions techniques spécialisées réunies sous la désignation d'audiophonologie. Il ne faut pas réduire la situation des enfants sourds à celle d'enfants mal entendants dont il suffirait de pallier à la déficience auditive pour retrouver la situation d'enfants normaux.

La surdité induit une organisation globale de la personne dans ses différents aspects cognitifs et affectifs et sur l'ensemble du développement. L'enfant sourd n'apprend pas de la même façon que les enfants entendants.
Elle peut impliquer aussi un certain nombre de traumatismes psychologiques précoces qui imposent à l'enfant la nécessité d'une restauration psychologique. Dans ces cas, l'enfant a besoin d'une réassurance intérieure et de l'établissement de relations affectives et sociales respectueuses de leurs différences.

De plus, il est cliniquement évident qu'à courbes audiométriques sensiblement égales, les enfants présentent des appétences et compétences fort distinctes en ce qui concerne le développement du langage oral.
Ces facteurs déterminants découlent de la capacité de l'enfant sourd à construire des significations internes subjectives sur les informations perceptives dans les premières années de sa vie.
Cette construction est bien évidemment soumise également à une pluralité de facteurs externes.

L'orientation de l'enfant vers telle ou telle voie est impossible à prévoir a priori. Il s'agit en fait d'une solution adaptative "choisie" par le développement de l'enfant.
L'expérience approfondie de la clinique de la surdité nous a personnellement convaincu du fait que les capacités des interventions extérieures à influer sur cette orientation sont surestimées.

Les enfants sourds oralistes :

Ce sont des enfants qui répondent de façon efficace à la rééducation audiophonologique (méthode rééducative développant une stratégie de réhabilitation centrée sur la possibilité de générer une perception auditive même chez des enfants à la surdité très profonde par l'appareillage précoce ou par l'implantation cochléaire*) et qui paraissent ainsi avoir des potentialités fortes d'acquisition du langage oral.
Ces acquisitions nécessitent souvent le soutien du LPC. Cela impose que l'enfant puisse regarder le visage de l'interlocuteur ce qui pose des problèmes particuliers d'attention.
En clair, la pratique du LPC implique des enfants stables, attentifs et n'ayant donc pas de difficultés psychologiques particulières. Ce sont des enfants qui doivent être capable de supporter la frustration du décalage entre leur langage intérieur et leur communication externe.
Un dernier point, ces enfants se trouvent souvent en intégration scolaire. En se restreignant ici au plan psychologique, la limite à l'intégration scolaire en milieu entendant de jeunes sourds tient à ce décalage fort entre d'une part, le maniement de la langue orale et écrite qui semble témoigner de la réussite du projet et d'autre part, la construction dysharmonieuse de la pensée.
À l'adolescence, ces jeunes parfaitement oralisés découvrent la Langue des Signes et évoquent alors une sorte de restauration interne.

Les enfants sourds visio-gestuels :

L'enfant développe alors spontanément et de façon précoce un langage gestuel. Souvent sourd profond, son développement cognitif a privilégié naturellement les indices visuels et il leur a attribué une valeur sémiotique prépondérante.
Le flux de sa pensée intérieure est donc en grande partie structuré sur une organisation perceptive visuelle. Pour ces raisons, l'apprentissage du langage oral chez ces enfants est laborieux et est souvent source de découragement tant pour l'enfant que pour l'enseignant.
De plus, le temps passé à tenter d'apprendre le langage oral à ces enfants est malheureusement du temps qui aurait pu être consacré aux activités d'éveil et à l'acculturation.
Chez ces enfants, et ceci d'un point de vue psychologique et cognitif, le choix de l'utilisation de la Langue des Signes comme vecteur de transmission des connaissances est impératif et impose donc une présence forte de professionnels sourds dans l'établissement.
Toute autre façon de faire vient à l'encontre des processus mêmes de la construction de la pensée de l'enfant sourd et peut alors risquer d'être iatrogénique si elle est abusivement poursuivie.
L'enfant sourd peut en effet perdre la confiance dans sa propre capacité à penser et à acquérir des connaissances. Il peut alors développer une forme d'inhibition scolaire massive parfois abusivement prise pour des troubles neuropsychologiques.

En conclusion, l'utilisation précoce de la Langue des Signes par les parents est nécessaire afin de pouvoir communiquer le plus efficacement possible avec leur enfant et partager avec lui son monde de significations.
Tous les mois de la petite enfance passés de façon harmonieuse en utilisant la Langue des Signes contribuent de façon positive à l'équilibre de la personnalité de ces enfants.
Et cela n'empêche pas l'utilisation de la parole et l' appareillage de ces enfants afin de fournir à leur enrichissement global de la perception et non comme une tentative de réparation de la surdité.

* La décision d'implantation cochléaire ne peut se faire que par une équipe pluridisciplinaire expérimentée en matière de surdité infantile et ne peut se contenter d'un dialogue entre les parents et le chirurgien ORL.

L'éducation des enfants sourds :

Aujourd'hui, la situation de l'éducation des enfants sourds est globalement mauvaise.
Les succès limités de l'éducation oraliste et de l'intégration ne peuvent cacher les grandes difficultés d'insertion sociale et les graves difficultés psychologiques que vivent beaucoup d'enfants et d'adultes sourds gestuels.
Pour beaucoup d'entre eux, cette situation est générée par le désintérêt pour la Langue des Signes et la cognition visuelle.
Les présupposés idéologiques ou culturels à l'encontre de cette langue sont illégitimes.


 

Qu’est-ce que la culture sourde ?

Alain BACCI Interprète LSF/Français, diplômé d’Anthropologie Sociale&Culturelle EHESS - 1997

Quand on parle de culture sourde, il ne faut pas penser uniquement à la Culture définie comme l'ensemble des Arts et des Œuvres Littéraires produites par une société.

Certes, pour la Culture Sourde, il existe un Art Sourd (même s'il est encore balbutiant du fait des interdits qui ont pesés sur le Monde des Sourds : interdit de langue, interdit d'école de haut niveau, bref interdit d'accès à tout ce qui pourrait former à la Culture) : quelques peintres, sculpteurs, quelques écrivains ... mais cela n'est qu'une manifestation de la culture sourde.
La Culture, c'est aussi un ensemble de choses qui conditionnent la vie :

- Une vision particulière du Monde (représentation des Autres) : l'environnement social, le vécu conditionnent la Pensée humaine.
Les expériences vécues communes à de très nombreux sourds constituent une véritable communauté d'esprit, des attitudes comportementales (plus à l'aise corporellement par exemple), un investissement des sens différent (pas d'oreille, mais la vue est surinvestie, tout comme le toucher).

- Une langue totalement imprégnée à la fois de la vision particulière du Monde et de l'investissement différent des sens : la vue est centrale dans cette langue.
On évoque donc le Monde par ce qu'on en voit principalement. Cela change profondément l'organisation de la langue, par exemple, la vue influence la syntaxe : en LSF, langue tridimensionnelle, on pose dans l'espace les éléments les plus gros, lourds et massifs, pour aller vers les éléments les plus fluides et les plus mobiles. L’œil identifie ce qui l'entoure selon ce même ordre.
La LS fonctionne donc comme une série d'images mises en lien et non pas comme une chaîne linéaire de mots.

Les conférences internationales sont à ce titre révélatrices : à cette occasion, les Sourds ressortissants de plusieurs pays différents se rencontrent ; lorsqu'ils parlent entre eux, ils adoptent un système de communication (LS simplifiée et rendue visuelle à l'extrême) qui leur permet de discuter sans le truchement d'un interprète.
Ils se comprennent même si leur langue d'origine est différente (LSF pour les Français, ASL pour les Américains, LSI pour les italiens, etc).
Les langues nationales diffèrent sur le plan lexical (vocabulaire), mais pratiquement pas sur le plan grammatical.

- Enfin, grâce à cet esprit partagé, deux Sourds qui ne se connaissent pas à priori se reconnaissent très rapidement comme appartenant à la même entité sociale.
Se reconnaître comme appartenant à la même culture est un indicateur très important.
Ce qui est remarquable, c'est le fait que des Sourds issus de deux pays différents se reconnaissent aisément comme participant à la même culture.
Les Sourds étrangers peuvent se comprendre à cause de leur partage de la Vision du Monde.


 

"Apprendre à écouter la personne sourde"

Brigitte GÉVAUDAN Orthophoniste thérapeute T.L.C.
Extrait de l’article paru dans la revue “Polyphonie”, journal des T.L.C. de septembre 2002

Qui a peur ? D’entendre ? Du silence ?

Si j'ai souhaité proposer ce texte, ce n'est pas pour enfermer les différences dans des oppositions réductrices : Sourds/entendants, Oral/Signes…

[…]

Parole d'enfant sourd.

Est-ce que, pour qu'on m'écoute, il faut que j'entende ?

Est-ce que, pour qu'on m'aime, il faut que j'oralise ?

Qui a mal à mes oreilles ?

Faire parler.

Faire parler. Parler à la place de l'enfant privé de mots.
Danger du rôle de porte-parole de la mère qui fréquemment s'enlise dans une prison de dévouement.

Risque d'exil du père. Coupure de la filiation.

En effet, ça veut dire quoi muet ? Est-il possible de parler avec quelqu'un qui est rendu muet, étiqueté sourd.
Colis de souffrance à appareiller, à rééduquer, à faire articuler ?

Taisez-vous.

Parents taisez-vous, ne soyez pas tristes. Ne niez pas la réalité, votre enfant n'entend pas, vous vous leurrez, il n'y a pas de temps à perdre. Vous devez discipliner ses restes auditifs.
Ou de plus en plus, en certains lieux, vous avez à apprendre une autre langue, la Langue des Signes.

Parents sidérés, ravalez les mots qui étranglent le cœur de votre narcissisme. Les professionnels de l'audition ne sont pas là pour vous écouter.
Vous pouvez tenir plusieurs rôles. Le mauvais, celui du parent qui n'en fait pas assez, ou le moins mauvais, celui du parent qui en fait trop.

Au nom du besoin.

Il n'est pas question de désir mais de besoins. Votre enfant a besoin de parler, comme d'être propre et de manger.

Besoin de parler. Au nom du désir de qui ? Violence !

Rééducation à l'origine, réponse technique à l'échec d'une relation humaine.

Besoin. Exercice d'articulation.
Parle moins fort ! Je n’entends pas.
Mots, gestes à redresser, à domestiquer. Perversion d'une parole qui est trop souvent entendue dans sa forme à corriger.

Je n'entends pas toujours, même si j'ose écouter. Je suis encore, certaines fois, enfermée dans ma propre surdité.

Conception instrumentaliste de la parole qui est en fait une gymnastique articulatoire savante à en détruire le sens.
Il suffit de remplir la bouche de sons comme si on gavait de purée un enfant qui n'a pas faim, ou qui désire autre chose.

Articule, tes oreilles me font mal.

Un coup de guide, trois doigts de micro, un zeste de verbo-tonale pour respecter l'origine corporelle de la voix, et pour les plus généreux, quelques gestes parcimonieusement et maladroitement apportés.
Nous avons les moyens de vous faire parler. Pour cela, il faut apprendre à vous taire. Bien sûr, les méthodes ont évolué, on est plus doux !

Toutefois, je rencontre toujours des enfants qui se mettent du scotch sur la bouche, qui dessinent des bouches dévorantes, me harcèlent de répétitions forcées.
Pour reproduire ce qu'ils ont vécu, réellement ou dans l'imaginaire.

Est-ce l'oral qui est en cause ? La technique employée ? Ou surtout, ce qui souvent se cache sous couvert de bonnes intentions rééducatrices, la volonté de ne tendre cette différence qui réveille en chacun des ombres enfouies ?

" La surdité qui renvoie à celui qui parle la sensation d'une absence, d'un vide partiel, en lui- même comparable à la perte d'une partie de soi, (la parole et par extension la langue) entraînant une souffrance narcissique importante".
Martine Dethorre, “Réparer, gommer la faute de surdité.”

Qui a peur ? D’entendre ? Du silence ?

Culpabilité parfois ravivée, d'orthophoniste qui rencontre des sourds qui n'oralisent pas toujours, mais qui parlent à me surprendre et à me déranger de la place confortable où j'aurais aimé m'installer dans le réel du handicap à soigner.

La parole peut sembler parfois, une mauvaise herbe, mal disciplinée.
Elle risque d'étouffer " à force d'engrais ", si on ne lui laisse pas la place du silence partagé, accepté et qu'on s'applique à la domestiquer pour qu'elle n'écorche pas les attentes de ceux qui " ouïssent normalement ".

Apprendre à écouter les personnes dites sourdes. J'ai choisi ce titre, mais il est dangereux.

Apprendre à écouter serait plus juste. Ce n'est pas les sourds qui sont différents fondamentalement mais l'étrangeté que nous projetons sur eux.

Apprendre à écouter … On n'entend qu' à partir de soi-même, de ce qui résonne, fait écho en soi par la parole que l'autre nous adresse.

Le travail de thérapie du langage se crée dans cet espace de rencontre, mêlé de ressemblance et de différence.
Qu'il soit dans une même langue, dans une langue étrangère ou peu maîtrisée, il reste toujours une traduction.

Du plaisir.

Excusez-moi, encore quelques lignes, je ne résiste pas, à défaut de pouvoir le signer, à vous écrire le plaisir que je ressens, orthophoniste, pourtant, à laisser s'échapper les mains dans le silence.

Bilan d'orthophonie : un enfant essaie d'articuler en français signé, pour raconter l'histoire en images qu'il a sous les yeux. Ses mots sont efforts, malhabiles, pauvres, ses signes. Il s' applique…
Soudain, il oublie et il signe sans voix… Avec expressivité et richesse … Chut ! …


 

"Être sourd ne signifie pas ne pas parler, mais seulement ne pas entendre"

Danielle BOUVET Orthophoniste, Orthophoniste, linguiste, chercheur au CNRS de l'Université de Lyon II -
Résumé de l’intervention lors de la journée d’études : “Bilinguisme précoce, aujourd’hui et demain ...” du 23/11/03

Les enfants sourds n'ont aucun handicap pour s'approprier la parole dans une langue visuelle gestuelle comme en témoignent les études faites sur les enfants sourds de parents sourds.

Parler de bilinguisme dans le cas des enfants sourds, c'est parler d'un bilinguisme particulier.
Il s'agit d'offrir aux enfants sourds, dès le départ l'entrée dans le langage, deux langues, qui sont de modalité différente, et dont l'une seulement leur est directement accessible, la LSF.

La connaissance et la manipulation d'une langue, qui leur est naturelle, sont fondamentales pour leur permettre un réel accès à la langue vocale dans ses modalités écrites et orales.

Ni idole, ni tabou, la LSF est un bien inestimable dans la vie de l'enfant sourd, un bien que ne peut égaler aucune technique, ni aucun système de communication.


 

Bilan de 20 années d'éducation précoce bilingue*

Annette GOROUBEN Orthophoniste, Initiatrice d'un projet de bilinguisme précoce en 1979
Fondatrice et directrice du CEBES (CAMSP) jusqu'en 2001 Paris
Résumé de l’intervention lors de la journée d’études : “Bilinguisme précoce, aujourd’hui et demain ...” du 23/11/03.

Vingt années d'éducation précoce bilingue, 20 années durant lesquelles des modifications de l'éducation bilingue sont survenues lui ont permis d'observer des enfants et leurs parents.

L'arrivée des implants cochléaires proposés dès le diagnostic de surdité semble bouleverser une fois de plus l'idée que l'on se fait de l'enfant sourd.
A-t-il besoin ou non de démarrer sa vie par un autre moyen que l'oral ? Y a-t-il une contre indication au bilinguisme précoce (utilisation de la LSF) chez l'enfant sourd implanté ?

A notre avis, certainement pas : il y a un facteur d'équilibre comme nous l'avons aussi constaté chez les jeunes enfants sourds sévères que nous avons suivis.
Communiquer d'abord et s'emparer de la LSF sont les deux étapes premières qui nous semblent nécessaires au jeune enfant sourd.
Étant donné le jeune âge de l'enfant, cela doit se faire dans des situations les plus informelles possibles. Il faut supprimer au mieux, les contraintes éducatives.
Aussi ces deux étapes doivent se faire lors de sorties et moments de vie partagés avec des adultes sourds. Ils donneront ainsi la LSF aux enfants.

Pour que ces apprentissages soient possibles, il faut reconnaître l'action éducative des adultes sourds au sein de l'équipe de professionnels et leur laisser suffisamment de temps d'intervention auprès des enfants.
Chaque âge a des besoins, ceux qui sont le plus en adéquation avec les possibilités du moment.
Les outils nécessaires à l'acquisition du français oral et écrit ne sont pas abandonnés pour autant. Ils viennent en leur temps, au moment adéquat.